jeudi, avril 24, 2008

Un endroit délicieusement vieillot au coeur de Lyon

Hier, dans le cadre d'un projet photo, j'ai eu l'occasion d'aller visiter un lieu très spécial. Tous les gens qui le gardent en vie sont des bénévoles passionnés, ce qui donne une dimension familiale et bienveillante à l'endroit.


Une photo sombre et mystérieuse ..
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Dans les années 1800, le quartier était en plein développement : la canalisation du Rhône permit de dégager des terres des marécages et de nombreuses personnes s'y installèrent. Cependant, aucune église n'existait. En conséquence, une demande de construction sur fonds privé fut déposée. A cette époque, le gouvernement français, très laïque, imposait que, pour toute église construite, on construise aussi une école, un théâtre, un hôpital ou dispensaire, et une maison des associations. C'est ainsi que naquît le théâtre de Bellecombe, dans l'enceinte d'une paroisse.



La salle de cinéma, avec parquet
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Les années passant, on découvrit le cinéma et on y prit goût. Alors que les premières séances furent projetées dans la cantine de l'école, la salle de théâtre fut rapidement aménagée en salle de cinéma. Le cinéma de Bellecombe devint ainsi le plus vieux cinéma de Lyon, et l'un des seuls cinémas en France à être implantés dans l'enceinte d'une paroisse !


1 seconde de film
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Aujourd'hui, le cinéma de Bellecombe fait figure d'exception : une seule salle, pas de pop-corn, un parquet en bois authentique, deux vieux strapontins près de l'entrée pour les ouvreuses, et surtout, un personnel qui aime se trouver sur les lieux et est heureux de faire partager sa passion pour le cinéma. Et pour cause, toutes les personnes qu'on y rencontre sont des bénévoles, des projectionnistes aux vendeurs de tickets ou de glaces après les bandes annonces, en passant par la programmatrice.

Bien qu'il arrive au cinéma de faire salle pleine (en particulier récemment lors de la projection du film "Bienvenue chez les Ch'tis"), l'affluence est plus souvent moindre. Comment, alors, ce cinéma peut-il survivre ? Il est géré par une association loi 1901, donc à but non lucratif, et n'emploie personne. Seuls les bénévoles s'en occupent. Quant aux films, les bobines sont louées en partenariat avec d'autres petits cinémas de la région, ce qui incite les distributeurs à louer leur film à de si petites salles. En effet, le prix de la location est de la moitié de la recette en vente de tickets. Ce prix est à peu près le même pour tous les films, pour tous les distributeurs.



Des morceaux de pellicule
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Lorsque l'on monte dans la salle de projection, on découvre un lieu chargé d'histoire, où le moderne côtoie l'ancien. Une chose surprend : quelques techniques, utilisées ici, qui nous paraissent archaïques, sont en fait universellement utilisées. Par exemple, afin d'accomplir les réglages en début de bobine, on doit accoler une bande spéciale. Comment pensez-vous qu'on l'y accole ? Mais oui, avec du scotch ! Et apparemment, cette technique est universelle :)



Le scotch, pour coller les morceaux de pellicule
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Le chemin que parcourt le film lorsqu'il se déroule de sa bobine est impressionnant, j'aurais dû le mesurer. En effet, il se déroule tout d'abord, passe sur le mur faisant face à la machine, puis est tiré par la machine qui va lire l'image et le son. Cette machine, bien que moderne, utilise toujours la technique développée par les frères Lumière pour améliorer le défilement de l'image : au niveau du projecteur, la bande du film passe en saccades, s'arrêtant 1/24ème de seconde devant l'obturateur. De petites boucles de film avant et après cet obstacle permettent de donner assez de mou pour que le reste du circuit se déroule en continu .. et spécialement la lecture du son ! Le son est en effet enregistré sur la bande en décalé de l'image. On peut ainsi le lire en continu, ce qui évite d'avoir un son saccadé.


Les plateaux servent à rembobiner la pellicule de film
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Enfin, la bande de film, une fois passée par le projecteur, est reconduite au delà de la dévideuse de bobine, vers des plaques circulaires qui lui permettent de se re-enrouler sur une autre bobine.



Une brosse à dents dans une salle de projection ???
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En avril 2008, le tarif des séances au cinéma de Bellecombe (61 rue d'Inkerman, 69003 Lyon) est de €4,50 pour les tarifs réduits, €5,50 pour le tarif plein, et €4,50 pour tous le mercredi. La programmation est familiale, et on a la possibilité de garer sa voiture dans la cour de l'école. Que demander de plus ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Hé, c'est intéressant tout ça ! Je ne savais pas l'histoire de la construction d'un édifice public pour toute construction d'église au XIXe. Pas mal comme principe je trouve !
Malika

Amélie a dit…

Oui, hein, j'ai trouvé cette histoire très intéressante. Il faudrait que j'y retourne pour avoir les dates plus précises, parce que ma mémoire me fait défaut :)

En fait je devrais peut-être leur donner le lien vers cette entrée de mon blog pour qu'ils puissent lire et corriger ..

sashi a dit…

Ah, je vois qu'il passe plus souvent par ici, je connaissais pas du tout cet endroit.